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CHAPITRE V







La chair, la guerre !


L’être humain



La chair est cette part psychologique de notre âme qui prend naissance dans le monde animal, notre descendance génétique humaine, qui nous conduira obligatoirement dès notre naissance, et plus ou moins tout au long de notre vie. Depuis notre conception, elle commencera de se trouver éduquée par des rapports de force, et se soumettra à ce qui la domine. Elle en tirera des images qui lui permettront par assimilation entre elles, de faire la différence entre ce qu'elle a interprété du bien et du mal.

Selon l'éducation et le vécu, il s'agira donc pour chacun, de son bien, et de son mal. C'est pourquoi il nous est si difficile de nous comprendre. Si nous imaginons d'ailleurs deux situations individuelles ayant pour origine un même point de départ, tel que le sont la majorité des jumeaux, le vécu depuis la gestation ne pouvant être parfaitement identique, les finalités bien qu'infiniment proches, sont obligatoirement quelques peu distinctes. Dans ce cas particulier, les différences n'apparaissent pas nécessairement dans les grandes lignes, car les bases de l'éducation, l'environnement fréquemment proche, et la société extérieure restant souvent la même, les sources de conflits sont moindres et surtout gérables sans de véritables heurts par les sujets entre eux.

Dans l'enfance, chacun va donc avoir plus ou moins de difficultés à accepter des limites à son égocentrisme, nécessaire à sa propre survie dans le groupe. C'est pourquoi le conflit sera de plus ou moins grande importance selon l'enfant, et bien entendu, selon la façon des parents de l'aborder.

Aussi renouvelée par l'Esprit cette part charnelle sera-t-elle, que nous y aurons toujours accès, si nous y donnons raison. Dés la conception du fœtus, cette construction apparaît et croît en s'adaptant aux nécessités de survies de son milieu, tout en gardant une plus ou moins bonne harmonie avec ses semblables. Tant que le contact avec cet environnement restera dans la partie supérieur des valeurs reçues, cette construction s'affirmera, se consolidera dans une présomption de vérité fondamentale de ses valeurs, et restera acceptable pour l'entourage en question. Par opposition à cette dimension, le problème viendra lorsque cet environnement ne correspondra plus à son entendement de l'image reçue, alors naîtra le : Conflit !

C'est ainsi qu'étant enfants, certains plus sensibles, pourront être repris simplement par la parole ou un geste significatif de remise en cause pour eux, et d'autres devrons être repris plus sévèrement. L'incidence d'une méthode douce ou sévère n'apparaîtra pas forcément sur le comportement et le caractère de la personne adulte dans une ambiance favorable, car le charnel de celle-ci ayant été plus ou moins assujetti à une image à laquelle elle aura normalement donné raison, elle saura ne pas devoir la dépasser. Ce sont là les limites si importantes pour l'équilibre de l'enfant et de l'adulte ensuite, qui sont variables en fonction de l'individu et de son milieu de vie. La partie charnelle, humaine donc, aura été rationalisée par une souffrance morale ou physique afin de pouvoir cohabiter avec ses semblables, sans trop les mordre, sans trop les agresser, sans trop les séduire hypocritement, sans trop dominer, sans trop se laisser écraser, tout en restant dans un bon équilibre de soi-même.

Bien que le conflit soit indispensable à la construction de notre âme, selon sa gestion, il produira une construction stable ou instable. Dans une volonté de tranquillité, nous voudrions généralement l'éviter en tant qu'adulte, mais c'est une erreur de le fuir. Il se réglera pour certains enfants, par un simple mouvement du regard, et pour d'autre un peu plus sévèrement. Dès son stade de fœtus, l'enfant commencera donc de recevoir des signaux qui lui permettront de faire la différence.

Dans ce monde de la chair, il ne peut y avoir éducation sans situation conflictuelle, sans rapports de force initiaux. Bien que difficiles à gérer, ces conditions sont nécessaires,  c'est pourquoi il faut les aborder avec sérénité de la part de l'adulte. Chacune de ces situations conflictuelles sont la nourriture de l'âme, dans la construction de notre logique individuelle initiale. Le conflit aura été positif lorsqu'il amènera l'enfant à une soumission qui l'élèvera dans les bases de valeurs du respect de l'autre. Il sera négatif, lorsqu'il l'amènera soit à une attitude dominante incontrôlée ou à un écrasement de sa personnalité.

C'est ainsi que notre âme ressemble à un cours d'eau de montagne, près duquel nous nous tiendrions sur une berge, et que nous devrions traverser chaque fois que nous rencontrons une situation donnée. A chaque situation rencontrée un ou plusieurs ponts permettraient de passer d'un côté à l'autre de la vallée. Lorsque cette situation est connue et contrôlée, nous empruntons toujours le même pont et cela nous convient. La difficulté ressort cependant lorsque nous sommes remis en cause dans nos agissements habituels ou que nous rencontrons une situation inconnue, surtout si nous devons l'interpréter rapidement. Selon notre position du moment, de l'attitude d'esprit dans laquelle nous nous trouvons alors, nous employons donc l'un ou l'autre de ces ponts.

Plus ils seront en altitude près de la source, plus ils seront stables et robustes, car facilement accrochés sur une roche solide. Leur longueur ne sera pas très grande, car le cours d'eau petit, et les montagnes proches l'une de l'autre, mais ils resteront des valeurs fondamentales. S'ils ont été mal construits, il sera plus difficile de remonter jusqu'à eux, leur altitude étant plus élevée, mais resteront malgré cela les principales voies de communications. Ce sont là les ponts de nos premiers entendements, créés par chacune de nos relations et conflit parents enfants dans nos premières années. Ils sont fondamentaux pour notre équilibre dans le contexte reçu, puisque solidement fixés à une roche solide dépourvue en majeur partie de sédiments que deviennent peu à peu nos analyses personnelles.

Les conflits ne seront d'ailleurs pas toujours apparus aux parents, car dans la relation parents enfants, ils auront souvent été vécus d'une manière plus ou moins douce et parfois inconsciente de l'adulte, dans la seule interprétation de l'enfant en regard du comportement parental. D'autres, traités par contre d'une manière forte, voir trop forte, pourront aller éventuellement jusqu'à créer des troubles du comportement incompris plus tard. C'est là en effet tout l'art d'être " parents ", cet art, prenant déjà naissance dans notre plus tendre enfance, pour le futur parent.

A la manière douce d'autorité, il est effectivement souvent plus aisé de lui substituer la manière forte. Bien qu'elle puisse être parfois nécessaire très occasionnellement, il est plus facile de la rendre trop forte, plutôt qu'équilibrée. A cet opposé, il est bien évident que pour asseoir un pont entre deux versants de montagnes, l'outil utilisé, n'est pas la balayette, comme pourrait l'être un sourire réprobateur, bien que compatissant. Conçu pour résister de nombreuses années aux crus des forts torrents de la vie, il serait sinon vite déstabilisé dès les premières montées des eaux, voir même dès qu’il serait emprunté comme raisonnement, surtout à l’age adulte.

En montagne, un pont se construit généralement sur deux escarpements rocheux, plus proches l'un de l'autre que ne peuvent l'être les autres parties des versants. Ils sont pour l'enfant, les principaux temps de contacts parentaux desquels l'enfant gardera des images et des limites de comportement en rapport avec le reste de la société. Des " outils " nécessaires à la préparation des deux versants de montagne, sont mis à la disposition des parents. Ils vont de l'encouragement dans la manifestation d'amour de l'enfant, à la réprimande plus ou moins sévère.

S'il est normal de prendre des outils correspondant aux travaux à réaliser, il n'est généralement pas utile d'utiliser la dynamite qui détruirait les assises des dits escarpements, et les repères de l'enfant. Cette dynamite n'est souvent qu'une colère imprévue ou une violence d'un ou des parents parfois même entre eux. Dans son égocentrisme l'enfant y voit alors comme une implication personnelle dont il ne comprend pas nécessairement le sens. Un trou béant peut se produire alors, dans l'âme de l'enfant, pouvant aller jusqu'à balayer un ou plusieurs repères déjà existants.

Le rapprochement enfant parent qui aurait pu exister naturellement de par les circonstances, et qui aurait produit une référence supplémentaire, aura au minimum, selon la puissance de l'explosion, éloigné l'un de l'autre les versants de la montagne. Plus cette explosion aura été forte, plus elle contribuera à des confusions et des craintes du respect des règles parentales, voir de société dans l'âme de l'enfant. Un torrent de haute montagne, ne franchit évidemment pas qu'un seul escarpement rocheux, et d'escarpements en escarpements d'autres ponts, d'autres images, pourront se créer, nécessaires à la construction de l'individu.

Nous simplifions ici le problème en le ramenant à l'unité d'une personne ou d'un groupe. Si nous ajoutions à ces circonstances familiales et fraternelles, l'environnement extérieur ou la simple désunion du couple, nous nous apercevrions vite que ce que l'un peut s'efforcer de construire dans un sens, il est facile qu'un autre le balaye par une quelconque déformation des références déjà acceptées, individuelles ou collectives. Ceci renforce d'autant plus la complexité de nos réactions individuelles.

Les ponts initiaux sont les fondations même de l'individu et seront en général très fréquemment utilisés donc très stables. Pour d'autres personnes, il pourra en aller de champs de mines en champs de mines. Si celui qui a vécu ces champs de mines retrouve à l'age adulte l'élan de ses premières années il verra les berges pas trop éloignées, au point qu'il aimerait faire le pas vers d'éventuelles références parentales par exemple. Il les rejettera cependant le plus souvent, par crainte de retrouver une souffrance identique à celle vécue dans l'enfance, qu'il ne pourrait plus supporter. Plus le temps sera passé, plus le cours d'eau se sera élargi, et moins il lui sera facile de le franchir, mais plus il risquera de se sentir rejeté dans son refus d'acceptation personnelle. S'il tente alors d'appliquer ce qu'il croit percevoir de loin, ses actes seront d'une telle imprécision et influencés par tant d'autres valeurs reçues, qu'ils l'éloigneront davantage de son but : La reconnaissance et l'amour de ses parents par exemple !

C'est pourquoi il est si important de vivre dès le plus jeune âge, une proximité parents enfants heureuse, car dès avant la naissance, ce genre de ponts se construisent. Les escarpements rocheux sont ensuite aussi nombreux qu'il peut y avoir de contacts réciproques, et plus de ponts se seront construits et auront été souvent empruntés, plus la dimension " parentale " de l'enfant puis de l'adulte sera grande. Il sera donc plus aisé à ce nouvel adulte d'assimiler avec précision des situations vues de l'autre côté de la vallée, et d'employer le pont correspondant au mieux à la diversité de ses analyses. Il est cependant bon que les limites créées soient équilibrées, permettant à chacun de s'épanouir dans sa part d'enfance et d'analyse personnelle, sans provoquer l'étouffement de sa personnalité.

La première jeunesse passée, peu de ponts seront à nouveau construits, et la majorité de ceux déjà existants seront utilisés, pouvant alors s'affermir dans leur présomption de vérité ou se trouver détériorés. La vallée se sera élargie, les pentes se seront apaisées et la terre cultivable que sont les raisonnements, produira souvent une construction plus instable de ceux qui pourront éventuellement se créer. Le torrent sera généralement moins impétueux, mais comme il sera plus abondant, il n'en restera pas moins difficile à franchir.

La topographie du terrain a changé, les montagnes sont moins élevées, mais la longueur des ponts est supérieure, et leurs assises plus difficiles. Les rivages sont plus variés, et l'univers de découvertes s'est élargi. Ils apparaissent au travers du milieu extra-scolaire, dans lequel l'enfant commence de mettre en pratique selon une analyse personnelle, puis chez l’adulte. S'ils peuvent sembler plus faciles d'accès à première vue, il n'en est pas véritablement ainsi, lorsque les sédiments de la vie sont venus à la fois en gêner la construction, et surtout plus tard, l'accès. La compréhension du déjà vu s’établira éventuellement pour donner une ouverture à la construction d’un nouveau pont, mais la « terre » à évacuer pour en asseoir les fondations sera plus ou moins difficile à retirer. Cette terre qui n’est autre que nos raisonnements dus à notre subconscient, rendra plus perplexes ceux ayant vécu préalablement des contacts difficiles. Ils auront alors plus de mal à faire la différence entre eux-mêmes et leurs comportements et accepteront plus difficilement le changement d'attitude. Le conflit positif sera donc plus difficile à gérer avec ceux qui auront vécu beaucoup de champs de mines, souvent à cause de leur peur d’être de nouveau abusés, tout comme à l’opposé avec ceux qui auront été maintenus dans une trop grande présomption de vérité par manque d’avoir reçu certaines limites.

Pour que tous ces ponts construis au travers des bouleversements de la vie restent durables et fiables, il faudra donc retirer de plus en plus d'alluvions de raisonnements pour les asseoir sur un sol ferme, au risque que leur propre poids ne vienne à les faire s'effondrer. C'est une des raisons pour laquelle, lorsque nous rencontrons Dieu, il nous faut redevenir comme un enfant. Ce sont souvent de très difficiles circonstances qui nous y auront conduits, raison pour laquelle les conflits générés par cette situation doivent être gérées d'une façon positive pour être profitables. La généralité est malheureusement tout autre, et produit plus souvent la destruction ou la grande détérioration des ponts primitivement utilisés par l'individu. La majeure partie deviennent alors les exclus de notre société, que nous retrouvons désœuvrés dans les rues, faute d’avoir pu supporté les écueils de leurs échecs.

Nous sommes en effet beaucoup plus fragiles que nous pouvons le supposer lorsque tout va bien; parce que nous aurons par exemple souffert d'incompréhension d'un père ou d'une mère dans notre enfance ou que nous l'aurons simplement cru, nous les aurons alors condamnés et conserverons cette condamnation de manière inconsciente à l'age adulte. Nous reproduirons au besoin par des attitudes opposées, mais tout aussi extrémistes, des situations semblables à celles de nos parents. C'est en cela que Dieu donna sont cinquième commandement, (Exode 20-12) Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l'Eternel, ton Dieu, te donne.//

Honorer son père ou sa mère, apporte en effet ces références de base, indispensables à la construction de tout être humain.

Si ce conseil est donné aux enfants, d'autres sont toutefois donnés aux parents : (Ephésiens 6-4) Et vous pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les avertissant selon le Seigneur.//

Parce que la logique de l’homme est créée par  le conflit, la souffrance et le malheur, celle-ci ne lui permet pas de rencontrer l’amour dans sa véritable dimension !

L'ancien testament n'est en rien différent du nouveau. Bien que beaucoup gardent de l'ancien, l'image du " qui aime bien, châtie bien ", pour corriger à l'excès. Il y a dans cet adage l'équilibre, dont ceux qui le revendiquent apportent une mauvaise image. Nous pourrions lire, celui qui aime son enfant avant lui-même, sait lui amener toute chose bonne dans l'équilibre, et par amour pour lui, jamais dans l'excès ni de violence, ni faiblesse, dans l'équilibre donc, pour le rendre vainqueur de la vie.

Afin de pouvoir aller plus loin, tout comme nous levâmes le voile de la royauté " divine ", je voudrais lever un tabou de religiosité 1, qui a tendance à n'interpréter la " chair " que dans la relation sexuelle. Jésus a certes dit, (Jean 3-6) Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit.//

A-t-il fixé ces limites de la chair, à la seule relation sexuelle ? Bien évidemment non ! Si c'était le cas, cela voudrait dire que tout ce qui n'est pas sexualité est Esprit. Il l'a donc donné pour toute attitude née dans l'âme sous le règne animal et par le règne animal, qu'il s'agisse des sentiments humains que l'on peut considérer les meilleures ou les pires. La dimension de la chair dépend effectivement bien du règne animal, dont la sexualité fait partie lorsqu'elle n'est liée qu'aux seuls besoins du corps, celui dont disposaient déjà Adam et Eve. C'est pour cette simple et bonne raison qu'il leur était si impossible d'entrer dans le royaume de Dieu, après avoir mangé de l'arbre de la connaissance face à leur conscience. Cette conscience qui est l'image de Dieu le Père en nous.

La " chair " ne peut en effet reproduire que ce qu'elle connaît, et ce qu'elle reconnaît n'existe que dans la dimension " domination / soumission ". Le vocabulaire français, bien que riche, ne nous permet pas de faire véritablement la différence entre soumission par infériorité reconnue, ou soumission librement consentie avérée de cœur comme venant de Dieu par respect des responsabilités établies, ce qui relève alors de l'Esprit de Dieu.

Nous pourrions donc presque écrire concernant la chair " responsabilité = supériorité / soumission = infériorité ". C'est ce que vécurent et vivent encore malheureusement beaucoup trop de couples et de familles, croyant par-là respecter la parole de Dieu. C'est aussi pour cette raison, que le droit de vote ne fut reconnu aux femmes que si tard, vu l'infériorité qui leur était attribuée par la soumission qu'elles devaient à l'homme normalement fait protecteur par nature. Il n'était pas tenu compte de leurs opinions, alors qu'elles sont généralement plus sensibles que l'homme dans la chair à ressentir les traquenards.


  1) Religiosité : Effet de la sensibilité sur l'attitude religieuse,  conduisant à une vague religion personnelle.


La chair recherche la valeur dans laquelle elle a été formée, et dans laquelle elle se trouve donc glorifiée. Elle nous conduit à agir comme elle a apprit à le faire pour tout ce qui peut lui apporter du mérite, par une reconnaissance de sa domination ou soumission, tant physique, intellectuelle que spirituelle. Nous reproduisons ainsi ce que nous connaissons, par assimilation à une situation donnée, et progressivement notre âme se construit.

Elle ne se construit d'ailleurs pas véritablement seule, car elle se trouve soumise ou à " l'Esprit " ou dominée par " l'esprit " qui la conduit. Rassurez-vous, lorsque nous parlons de l'esprit avec un petit " e ", même si nous ne parlons alors pas de l'Esprit de Dieu, nous ne parlons surtout pas d'esprits " démoniaques " mais bien plus d'incitation à certains " sentiments " plus ou moins bien appropriés à une situation donnée. Il s'agit là d'une dimension humaine sur laquelle l'ennemi de nos âmes prend ses droits, même si le Saint-Esprit est aussi celui qui peut nous conduire. Nous nous y attarderons plus longuement dans les chapitres suivants.

Revenons pour l'instant à la dimension charnelle d'une personne ayant vécu tous les trous de mines issus des différentes explosions, qui l'on parfois laissée sans réelles références constructives. Ils sont pour certains des sentiments de rejet, pour d'autres des complexes d'infériorité, pour d'autres encore des inconstances...

Leur gestion peut être difficile, car ils peuvent malheureusement porter de grands préjudices par des détériorations mentales profondes. Ceux qui les vivent peuvent éventuellement les constater, mais sans les comprendre ni pouvoir y remédier. Ces sentiments les poussent parfois dans des extrémités qui les font se regarder comme des mauvais, voir les " pires ". Si ces sujets sont vaguement conscients de leurs problèmes, ils attribuent éventuellement tous leurs malheurs à une seule blessure restée béante qu'ils ressassent indéfiniment, mais ne comprennent pas que leurs mauvais comportements sont dus à une autre de ces blessures.

Celles-ci, sur les ponts de nos exemples, sont comme des cavités recouvertes superficiellement d'une fine pellicule d'argile ou même d'un reflet de soleil qui nous en voile la perception. Tant que la personne est dans une situation réfléchie, elle les évite presque naturellement, mais tombe le pied dedans chaque fois qu'elle le rencontre dans une situation spontanée. Ces pièges disparaissent en effet de la mémoire consciente, mais ne restent que plus actifs dans les réactions spontanées, qui prennent alors le raccourci de l'esprit sans avoir le temps de passer par la supervision de notre analyse. Des rancunes ou des révoltes enfouies sous des apparences de pardon dues à l'oubli, donnent inopinément des comportements inattendus par sentiment d'injustice et d'assimilation à une première image reçue, même si le sujet agit à l’opposé dans des situations conscientes.

Cette part humaine est la nôtre, et nous y sommes même très attachés, car c'est " notre " vie, nos comportements, et si nous en changions nous aurions l'impression de ne plus être " nous-mêmes ". Oh ! Ils nous créent parfois des difficultés ces comportements, et dans certaines parties de notre vie nous aimerions bien les voir disparaître ; mais comme nous avons oubliés les raisons de leur  apparition et qu'ils nous sont nécessaires pour nous protéger du mal que nous avons subit ou serions susceptibles de revivre, nous les gardons sans les connaître dans la dimension dans laquelle ils nous piègent réellement. Ils restent et deviennent même ce que nous appelons : NOUS !

Nous n'aimons pas que d'autres touchent à cette part de nous-mêmes, elle est notre bulle de protection, celle que nous nous considérons forts d'avoir. Cette considération n'existe généralement pas de manière perceptible à l'individu, sauf dans les cas des plaies non refermées où celui-ci les " interprète " comme intellectuellement justifiées. Dans tous les autres cas, cette " interprétation ", n'existe plus dans une dimension consciente et calculée. Les blessures les plus nombreuses et aussi les plus pernicieuses, sont pourtant celles qui nous restent inconscientes, car relativement peu de gens circulent avec des plaies béantes.

Toutes ces mauvaises pierres qui se détachent du pont chaque fois que nous mettons le pied dessus, voir des ponts à demi éboulés par des tirs de mines dans l'enfance, sont le reflet de notre subconscient, de notre esprit. Tous les pièges tendus par notre nature humaine, ont d'autant plus d'incidence sur nos comportements que nous en sommes rendu inconscients par ce qui est appelé scientifiquement, les élagages neuronaux. Moins nous nous en souvenons, plus nous l'assimilons donc à « nous-mêmes ». Si nous nous en souvenions nous aurions en face, notre libre arbitre calculé, alors que cet ensemble produit un court-circuit dans notre âme pour nous imposer certaines réactions auxquelles nous avons un jour donné raison.

Pourquoi nous-mêmes ? Parce que la personne est plus esprit que corps. Si ce que nous voyons est le corps, ce que nous vivons, ce que nous « sommes » est esprit. Cela amène notre âme à se comparer à la « conscience », l'image du Père à laquelle nous avons accès contrairement aux animaux. La comparaison entre les comportements de notre âme et celle de notre conscience se fait en nous au travers d'un miroir déformant que sont les sentiments charnels de notre subconscient, notre esprit, né sous la tutelle charnelle de Satan ou du miroir de l'Esprit de Dieu qu'est le Saint-Esprit donné par Jésus.

La dimension charnelle, bien que " spirituelle " est en rapport à l'esprit inférieur, et c'est ce que nous regardons pour l'instant. Celle du Saint-Esprit est également spirituelle, mais fidèle à l'image de Dieu. C'est par ce miroir exact que Dieu veut faire renaître nos cœurs et notre subconscient, notre esprit, non plus ouvert au seul dialogue avec les esprits de nature charnelle, mais aussi avec le Saint-Esprit.

La totale réécriture de cet ensemble ne peut se faire qu'au travers de nos pensées, nos paroles, et surtout nos « réactions ». C'est ce que nous regarderons dans le chapitre suivant.

Tant que nous vivons dans l'état initial, seule la dimension charnelle est en nous. C'est pourquoi Dieu créa l'homme d'une façon spontanée dans un être existant ou non, ce qui divise déjà les chrétiens en deux groupes. Des traces fort anciennes de corps considérés humains conduisent certains à croire en une forme d’évolutionnisme, réfuté farouchement par d'autre qui prônent la thèse de la génération spontanée. S'il est de plus en plus scientifiquement prouvé qu'un créateur est à l'origine de notre création, et non un banal hasard dû à des circonstances fortuites, tous deux ont cependant raisons selon la dimension qu'ils regardent, du corps ou de l'âme, mais tous deux se battent néanmoins. Premier conflit !

Le sujet n'étant toutefois pas à l'évolutionnisme ou à la génération spontanée, revenons à nos ponts. Comme nous l'avons vu, les générations antérieures suivaient à la lettre certaines interprétations bibliques, au sujet de la correction parfois sévère et souvent exagérée par l'homme. Depuis mai 68 et sa " révolution Hippie " plus idéalisée par des délires issus de la drogue que par les réalités de ce monde, nous sommes souvent passés à l’extrême inverse. Il arriva même un temps, où faire une remontrance à un enfant devint une forme de maltraitance. Cela nous amène aujourd'hui en France, à une certaine jeunesse qui ne connaît plus ses limites, car nous ne leur avons pas fixées. C’est pourquoi maintenant que nous tentons de les faire respecter, elles demeurent soumises à leurs analyses qui les reconnaissent éventuellement bonnes dans leurs actions réfléchies, mais disparaissent dans une position dominante de leurs présomptions charnelles, lors d'un effet de groupe ou dans leurs réactions spontanées.

Le problème ne vient donc pas des enfants, mais des parents, c'est-à-dire des grands-parents d'aujourd'hui. Certains autres de ces " grands-parents " voudraient à l'opposé revenir à une manière fort brutale, d'où une montée de la violence réciproque et une incompréhension grandissante entre les générations.  

Il semble que depuis 2001 et le rétablissement de l'enseignement de la morale à l'école, les différents gouvernements commencent d'en prendre conscience et c'est une bonne chose. Cette morale que nous avions dans les classes primaires, je dirai au hasard, jusqu'en 1968.  Les fruits n'en seront certes pas immédiats, car les maçons le savent, il est plus rapide de démolir que de reconstruire. C'est pourquoi il nous faudra rester d'autant plus patients et tolérants en attendant la moisson des nouvelles réformes. Le danger est toutefois de recommencer le cycle à zéro, en adoptant une violence trop grande, qui reproduirait à terme un autre mai 68.

Que s'est-il donc passé ? Par peur de prendre un outil trop puissant pour creuser les fondations des ponts, comme l'avaient peut-être fait les générations précédentes, nous avons pris pour creuser ni une pioche et souvent pas même une pelle, mais un balai parfois même un plumeau. Dès-que ces enfants, devenus adolescents ou adultes, vivent un conflit supérieur au " plumeau ", ils se sentent agressés, mais faute de repères, ils peuvent trouver amusant de jouer avec des bombes qui tuent les autres. Ils n'acceptent pas la réprimande, mais considèrent avoir des droits, parce qu'ils sont passés dans la position dominante, même si celle-ci en amène certains à vivre dans la rue, pour ne pas se soumettre aux règles établies. Nous récoltons aujourd'hui notre laissé allé d'hier, face encore une fois, à un équilibre que Dieu voulait donner.

Ne nous a-t-il pas dit en (Matthieu 10-28/31) Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? Cependant il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez plus que beaucoup de moineaux.//

Bien que nos cheveux soient en général à la vue de tous, je ne connais personne, sauf peut-être les chauves, pour avoir une telle connaissance d'eux-mêmes. Raison de plus pour ce qui est, caché, enfoui, sous toutes les apparences extérieures et qui se sont amoncelées dans notre âme. Ces apparences, nos doutes et nos présomptions nous conduisent pourtant souvent à des comportements que nous considérons mauvais pour autrui, alors que nous les considérons bons pour nous-mêmes. Nous condamnons alors les autres, sans connaître la raison profonde de leurs agissements. Nous nous comparons, avec NOS yeux. Ceux là ne risquent pas de nous contre dire !

Dans ce cas notre analyse vient en réalité de la source qui nous impose nos réactions et non de notre conscience. Nous contredisons alors tel comportement, telle valeur, tel règlement, telle loi afin nous semble-t-il, de pouvoir vivre correctement et paisiblement dans un monde de paix. Pauvre de nous, nous ne serions bien que dans le pays de Robinson Crusoé, seuls sur chacun notre île.

Comme nous l'avons vu dans le précédent chapitre, l'homme n'étant pas capable de se changer lui-même, et chacun étant différent de l'autre, peut-il réellement se construire un univers idéal à sa propre dimension ?

Ce n'est pas l'être humain que nous devons condamner au travers de ces réflexions, mais se qu'il ressent comme étant lui-même et qui n'est qu'une image enfouie dans son âme. Pire encore est la mémoire collective, car identifiée parfois comme un postula de base auquel nous assimilons les préceptes de Dieu.

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